Je suis tombé amoureux…

C’est officiel, je suis (encore) tombé amoureux. Plusieurs fois d’un coup même. D’un pays et d’un peuple. Bon, tomber amoureux, ça va vite. Savoir si on avait raison de le faire ou pas, ça prends un peu plus de temps.
Il faut dire qu’en arrivant de Russie, où c’était pas forcément évident tous les jours, où le contact peut s’avérer difficile quand on parle pas la langue, et où l’on se sent regardé de travers assez souvent, et bien arriver dans un pays où les douaniers et l’armée sourrient ça change tout. Où quand tu essayes de dire un mot de Mongole, les gens te font répéter pour que tu le pronconce bien et t’aide à t’améliorer dans ta diction. Où les gens font des blagues à longueur de journée et rigolent… Et bien, c’est agréable…
À côté de ça, il y a les paysages, pas vraiment descriptibles avec des mots (ou alors, j’ai pas le talent). Je vous laisse voir les photos.
Et puis il y a la manière de vivre des nomades. C’est simple et complexe. Une autonomie énorme (alimentaire, énergétique), une grande part de tradition conservée, une bonne humeur omni-présente, la quasi inexistance d’activité salariale, et puis la libertée de bouger à la vitesse des troupeaux. Tout ça, encore assez loin de la société de consommation. Il y a bien des trucs qui viennent de la société industrielle, mais ça reste vraiment limité en comparaison avec les plus anarcho-écolos des endroits que j’ai pu visiter.
À côté de ça, ça permets aussi de se remettre en question sur pas mal de choses. Ici l’agriculture et la vie des nomades est uniquement basée sur l’élevage. En 10 jours de tour dans le centre de la mongolie, je n’ai pas aperçu une seule ferme (ni familiale, ni industrielle). Pas une seule plantation d’ailleurs. Les nomades ne consomment quasiement pas de légumes. Si j’en crois ma guide, la consomation en été est essentiellement basée sur les produits laitiers, et en hiver essentiellement sur la viande.
Les produits laitiers sont issus directement des traites des troupeaux et consommés ou transformés immédiatement. Donc pas de problème de conservation. Dans la 12 aines de ger (c’est le nom mongole des yourtes) qu’on a visité, je crois que je n’ai vu aucun frigo. Comme c’est le début de l’hiver, la viande est conservée sous les lits, avec des ouvertures en bas de la ger pour ventiler, et elle se conserve comme ça 1 mois. Dans un campement de 2 familles, ils/elles tuaient une chèvre ou un mouton par mois, pour nourrir une 10 aine de personnes.
Les bouses, crottins et autres excréments ne servent pas trop à fertiliser les sols ici. Quand on regarde bien, c’est tellement sec qu’ils restent sec en surface sans se mélanger à la terre. Alors les nomades les laissent sêcher, les retournent, puis les collectent pour alimenter le poêle dans leur ger. C’est assez écolo, et ça ne sent pas mauvais 🙂
Comme les nomades ne vivent pas au moyen-age, chaque ger est “autonome” énergétiquement. Un panneau solaire charge des batteries de camion/voiture qui permettent d’alimenter les différents appareils electriques. Il n’y en a pas beaucoup, ne sont donc pas utilisés à tort et à travers. De temps en temps une télé. Toujours des téléphones portables en charge, et bien sûr une ou deux ampoules basses consomation ou une lampe à led pour l’éclairage.
À côté de ça, il y a des déchets qui viennent de la société industrielle et qui ne sont pas gérés. Enfin, ils sont gérés comme l’étaient les déchets produits de manière autonome par les familles nomades avant. Laissez sur place en “don à la terre”. Parfois, on trouve un trou avec les dêchets qu’une ger a produit pendant son implantation. Le trou est laissé ouvert, au milieu de la steppe. C’est un peu similaire à la méthode occidentale pour gérer les déchets nucléaires, alors n’allez pas leur sortir la grande morale bobo-écolo à 2 balles. Plus souvents, les choses sont laissées simplement là où elle finissent leur vie. Le cheval, la chèvre, la télé, la voiture, la bouteille, l’emballage, la chaussure…
Ma guide me disait, que les sacs plastiques dans les super-marchés, et de la plupart des déchets plastiques, sont apparus à la “chute de la démocratie” (elle faisait un lapsus intéressant, pour parler de la chute du communisme). Qu’avant, tous les emballages étaient en papier ou en verre et que ça n’était pas vraiment un problème. Elle m’a demandé qu’est-ce que je considèrerais comme une “bonne solution” pour la gestion de ces déchets. J’avoue que je n’ai trouvé trop pas de solution vraiment adaptée, et je suis preuneur d’idées si vous en avez.
La solution consistant à blammer les nomades parcequ’ils/elles utilisent des produits de consommation industrielle, me semble hors de propos. Peut-être que sensibiliser à la question peut être important, mais leur production de déchets ménagers non bio-dégradables sera toujours bien moins élevée que n’importe qui habitant dans une ville ou même un village occidental.
La solution qui consiterait à gérer les déchêts de manière centralisée, par une collecte est hors de propos vu les distances parcourues et la densité de population. En gros, pour remplir un camion poubelle, il devrait parcourir 1500km. Pas très écologique. Obliger/Inciter les nomades à garder leurs dêchets pour les ramener “à la ville” lorsqu’ils/elles y vont n’est pas non plus trop imaginable, dans la mesure où certaines familles n’ont pas l’air d’y aller tous les mois.
Les brûler semble le plus propre. C’est ce que j’avais observé en Guyane l’an dernier. On fait un tas, on y fout le feu. C’est un peu ce qu’on faisait chez nous il y a encore pas longtemps. C’est propre, le paysage est beau et “nettoyé”, mais on a balancé un paquet de saloperies dans l’atmosphère. Si jamais les nomades se chauffent avec ça sert au moins à ça, mais alors bonjour les intoxications.
Je ne sais pas dans quelle mesure on pourrait imaginer un système mobile pour brûler les dêchets en filtrant les particules les plus nocives, le tout pour pas cher, voir en auto-construction, et en ajoutant tant qu’à faire un peu de génération d’électricité, histoire que ça limite les dégats. Avec un mini-incinérateur mobile pour une demi-douzaine de familles, ça pourrait déjà être intéressant.
Peut être que faire “fondre les déchets” pour réduire leur espace de stockage sans les faire partir en fumée pourrait limiter les émissions de saloperies dans l’atmosphère et supprimer le problème du filtrage. Reste la gestion du matériau issu de la fonte. Le valoriser ? Comme les constructions sont mobiles et bien adaptées, on a pas vraiment besoin d’en faire des maisons, donc je ne sais pas bien comment.
Bref, tout ça pour dire que j’aime ce pays, et c’est pour ça que je me fais du soucis !
PS : je sais, l’article est un peu parti sur la gestion des déchets plus que sur la mongolie, mais c’est le truc qui me trotait dans la tête depuis 12 jours.

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