Le vietnam, c'est comme le communisme : un bilan globalement positif.

je sens que certain-es vont pas aimer mon titre… raaaaaa. et sinon, j’avais écrit cet article juste après être arrivé au Laos, à Dansavanh.
Ça y est, j’ai quitté le vietnam. Pas pour le Japon, c’était une blague (je répette pour ce-lles/ux qui suivraient pas). Je suis parti vers le Laos.
Je suis arrivé au vietnam le 23 décembre à pied, et je l’ai quitté le 1er avril à pied. Si on enlève la petite semaine que j’ai fait au cambodge, et bien j’ai respecté presque à la lettre mon projet de rester 3 mois ici.
Je suis content d’être resté 3 mois, car si j’étais resté 1 mois, je serais reparti avec une mauvaise impression. En 3 mois, j’ai appris à me sentir chez moi, à parler quelques mots de vietnamien, à comprendre un certain nombre de choses sur la culture vietnamienne que je connaissais finalement mieux que je ne le pensais, et finalement, à apprendre un peu sur moi et sur ma famille. Je vais essayer de résumer ça.

Mes premières impressions

Pour faire simple, le premier mois a été assez rude. Je n’avais qu’une seule envie : me barrer pour un autre pays.
Le vietnam est envahi de touristes occidentaux. Je le sais, j’en fait parti. Après avoir traversé la Russie, la Mongolie et la Chine où le tourisme est loin d’être massif, et où les touristes rencontré-es sont globalement sympas, et bien on se rend compte de manière assez brutale, que c’est différent ici.
En arrivant à Hanoi, je suis allé naïvement dans un Hotel se disant “backpacker”. L’idée, c’est un endroit pas cher avec des grands dortoirs, et des endroits où les voyageu-ses/rs se rencontrent et échangent leurs expériences. Même si j’en ai pas fréquenté un si grand nombre, et bien c’était toujours des bonnes expériences dans les 3 premiers pays. À Hanoi, Backpacker signifie “jeune qui vient pour faire la fête”. Bref, le touriste au vietnam est majoritairement un occidental, téléporté par avion dans une région où il fait chaud et où c’est bon marché, qui se coinfre de tout ce qu’on peut lui vendre (“trucs typiques”, putes, drogue, souvenirs, …) et qui se rentre chez lui content.
Comme il prend des vacances pour quelques semaines, le/la touriste va claquer son budget qu’il/elle utiliserait pour vivre pendant 1 mois chez lui. Et ici, ça fait un paquet de thunes.
Résultat des courses, le/la touriste est vu comme un portefeuille ambulant prêt à acheter n’importe quoi à n’importe quel prix, alors autant changer de taf et essayer de lui faire cracher le maximum, plutôt que de faire un boulot utile.
Mais comme il semble que tout le monde au vietnam soit d’accord de dire que les devises étrangères qui entrent ne doivent pas sortir, car c’est bon pour le développement, et bien ça donne une excuse “nationale” pour rendre gratifiant et “utile” ce type de boulot.
Bref, être pris pour un portefeuille ambulant, c’est la chose la plus désagréable qui soit. Devoir se justifier à chaque coin de rue du fait qu’on ne veut pas acheter le service d’une pute/d’un moto-taxi, de la drogue, des lunettes de soleil, des bouquins, à manger, et bien c’est très fatiguant.

Ensuite, il y a la question du double tarif

C’est certainement le truc le plus détestable, au vue de ce que je viens de dire. Où qu’on aille, on va se faire entuber et payer le double juste à la vue de notre gueule de pas assez asiat’. Et pourtant, je trouve le système bon !
Voilà encore une de mes grandes schizophrénie de voyageur. D’un côté, je fais tout mon possible pour ne pas être vu comme un portefeuille ambulant, et je refuse donc de payer le prix fort, même si il faut parfois négocier très sec. D’un autre côté, je me réjouis souvent que les touristes de la catégorie décrite précédement douillent.
La double tarification, aussi appelée prix à la gueule du client est une mesure purement arbitraire, mais qui peut quand même avoir une efficacité relative. Un touriste occidental, ça se repère très facilement. Donc plutôt que de dire “tiens, c’est plein de touristes, on va gonfler les prix” (comme on fait chez nous), et bien ils/elles se disent plutôt : “tiens, c’est plein de touristes, on va gonfler les prix pour eux/elles”. Finalement, ça évite que les loca-les/ux ne puissent plus se payer à manger dans leur quartier, parceque le lonelyplanet à écrit qu’il y avait une petite rue charmante ici.
En y réfléchissant, je trouve qu’appliquer la multi-tarification “chez nous”, dans certains quartiers en cours de gentrification pourrait être un outil de lutte contre ce processus, qui pourrait le ralentir un poil. “Tiens, tu as garé ta porsche face à la boulangerie ? une baquette ? 5€, merci”. Et on continue à vendre la baquette à pas cher aux pauvres. On peut rêver…
Bon, à la pratique, ça fait toujours, que même si on est capable d’obtenir un prix “local”, c’est à la sueur de son front à chaque fois, et que ça rend tout vraiment plus compliqué.
Maintenant que je baraguine du vietnamien, je crois que j’arrive à obtenir la tarification “vietnamien émigré”, c’est mieux, mais pas top.

Mes secondes impressions

Mes secondes impressions, ça a été quand j’ai réussi à accéder à des lieux non-touristiques. Là c’était beaucoup mieux. Beaucoup de gens sont gentil-les, généreu-ses/x, hônnetes (enfin, dès lors que la première relation qui nous lit à e-lles/ux n’est pas commerciale), et très curieu-ses/x vis à vis des étranger-es.
J’ai vécu ça essentiellement sur l’île de Bình Bà, et lors de mon mois à l’université.
En quittant Saigon pour Huế, je crois que j’ai aussi découvert, que le vietnam n’est pas à l’image de Saigon. Il y a des villes avec beaucoup de touristes, mais où l’ambiance est beaucoup plus détendue. Bref, je pense que si j’avais eu l’occasion de visiter le reste du vietnam, ça aurait été une bonne surprise. Ça sera pour la prochaine fois.
En quittant le vietnam aujourd’hui, le dernier doanier m’a fait la causette pendant plusieurs minutes et m’a dit au revoir en français avec un grand sourire. Voilà donc ma dernière impression du vietnam. Elle est bonne.
Maintenant que suis au Laos, je demande aux gens si ils parlent vietnamien, c’est rigolo. Il va juste falloir réapprendre à faire confiance aux marchand-es qui n’ont pas appris à truander ici…
Bref, je reviendrai, mais je réviserai mon vietnamien avant.

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2 réponses à Le vietnam, c'est comme le communisme : un bilan globalement positif.

  1. Mai dit :

    Xin chao em Pierre,
    Quelques remarques de la part d’une franco-viet sur le Viet Nam. Pour y être retournée plusieurs fois afin de découvrir ses terres d’origine du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest; pour parler et comprendre le vietnamien en dépit de l’étiquette Viet Kieu collée à mon front, le Viet Nam est empreint de paradoxe et d’incompréhension. Mes impressions sont aussi mitigées que les tiennes.
    Primo, le Vietnam c’est environ 6 millions de touristes par an et 84 millions d’habitants. La Thailande, c’est 12 millions de touristes et environ 65 millions d’habitants. Point de vue tourisme, la Thailande bat tous les records.
    Secundo, un backpacker ou « Tay Balot » comme ils disent, à Hanoi ou à Saigon, c’est un occidental pauvre et souvent sale. Le vietnamien porte beaucoup d’importance aux apparences, contrairement à son voisin Khmer ou Lao. Si tu es riche, faut le montrer. Pauvre ou riche, faut rester propre. Tu peux vivre dans une cabane faite de taule, le linge sera lavé quotidiennement. Ta chemise est trouée certes, mais elle est blanche. Que dire de ces jeunes blancs qui puent la sueur et dont les pieds empestent dès qu’ils retirent leurs baskets ? Un occidental étant théoriquement riche, c’est faire preuve de radinerie quand il chipote pour quelques VN Dongs, quand il préfère un hôtel à 10 USD alors que le Viet Nam regorge d’hôtels de luxe et que punaise, tout le littoral est dévoué à ces dits palaces au détriment de l’environnement et en expropriant la population locale.
    Tertio, la double tarification se pratique partout. Viet Nam, Laos, Cambodge, Thailande. Mais il est vrai que le Viet Nam est celui qui en a fait un sport national. Tay, Falang, Barang, Farang: comment peut-on se payer un billet d’avion que la marchande de soupe ou le chauffeur de bus ne pourront jamais s’offrir et refuser de raquer le double d’un pauvre bougre qui gagne environ 60 USD par mois ?
    Enfin, des 3 pays qui formaient autrefois l’Indochine, il est plus facile de voyager au Cambodge et au Laos en indépendant. Le Viet Nam n’aime pas voir les touristes hors des sentiers battus. En 1995, il fallait encore un laisser passer dès qu’on quittait une grande ville et rejoindre le Nord signifiait une montagne de paperasses à remplir. Aujourd’hui encore, dormir dans la maison de sa propre famille doit être signalé aux autorités locales. Chaque hôtel doit déclarer la présence de chaque « khach » (invité). Il est bigrement difficile parfois de se fondre dans la faune locale et bouger comme elle. En dépit d’une certaine démocratisation, due à une autosuffisance impossible et surtout à la mondialisation galopante, le Viet Nam reste un pays communiste avec sa pesante hiérarchie et sa volonté de garder un contrôle à tous les niveaux. Politique, économique, et touristique.
    Cảm ơn bạn thần, le Viet Nam ne se résume pas à Saigon, Hanoi, Danang, Phuc Quoc ou Nha Trang mais les vietnamiens ont très vite compris que sans touristes, ils retomberaient dans la famine des années 80, que leur puissant voisin chinois est en passe de devenir le Numero 1 et que contrairement au paresseux cambodgien ou au paisible laotien, ils ne laisseraient pas passer le train de la prospérité…Mais dans leur hâte de vouloir ressembler à l’Empire du Milieu et trop fiers d’avoir mis à terre chinois, japonais, français et américains, ils ont oublié que l’Occident déverse des charters entiers de touristes pas toujours cons, informés et…exigeants.
    Bonne continuation à toi…

    • pierre dit :

      Merci Mai pour ce long commentaire 🙂 ça fait plaisir de savoir que parfois des gens me lisent 🙂
      Et mes pieds puent effectivement, d’ailleurs l’autre jour dans le train en chine, on m’a demandé gentillement d’aller me laver les pieds 🙂 (mais bon, j’allais le faire de moi même, parceque c’était vraiment une horreur !)

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